La guérite du bagne

C’est une petite maison basse de deux pièces, maison de carrier, construite par un tailleur de pierres, légèrement révolutionnaire, anarchiste, mais brave homme, un dénommé Ducourthial originaire du Puy de Dôme.

Construite en 1904 sur la colline de Peume, où on y trouve beaucoup de gros rochers de granit, il était donc sur place pour travailler ; l’année de construction est gravée dans le linteau de la fenêtre.

Il y vivait avec sa compagne Thérèse qui élevait des chèvres, c’était également une petite auberge, les chasseurs s’y arrêtaient boire la” chopine” ou le café qu’elle préparait dans une marmite sur le feu de bois dans la cheminée, ses fromages de chèvres étaient très appréciés au moment du casse-croûte.

L’espérance de Roches (la fanfare) animait des fêtes d’été, dans la fin des années 30, avec grand succès, un parquet salon pour le bal du soir, était acheminé par des voitures à chevaux par un étroit chemin rocailleux et très pentu, bien sûr il n’y avait pas d’électricité, tout se passait à la lanterne ou la bougie, et sans micro ! ! ! ! Pendant la guerre 39-45 cela continua, sans doute à cause de son isolement dans les bois.

A la disparition de son compagnon, Thérèse y vécut seule en compagnie de ses chèvres et de sa fidèle chienne “Chopine” spécialisée dans la destruction des vipères qui pullulaient dans cette contrée boisée, rocailleuse, un peu sauvage, elle y vendait toujours la chopine et ses délicieux fromages de chèvre aux chasseurs de passage.

Si Thérèse était analphabète, elle s’intéressait à l’école et lui fit don d’une belle pendule murale. Elle aimait aussi la musique et fut membre honoraire de l’Espérance

Jacques Ducourthial a vécu à la guérite du Bagne jusqu’à l’âge de 63 ans, le  21 juillet 1938.

Thérèse Massonnaud son amie décéda le 21 avril 1950 à l’âge de 96 ans. Tous deux reposent côte à côte dans un caveau de granit remarquablement sculpté par ses soins dans le cimetière de Roches, avec cette épitaphe (Ne pleure pas, chante plutôt de la société un avenir plus beau.)

Au décès de Thérèse, la Guérite fut abandonnée et la nature repris ses droits, seules les énormes pierres des murs, enfouies sous le lierre, laissaient penser qu’il y avait eu de la vie autrefois.

En 2016 quelques bénévoles du Comité des Fêtes ont décidé de défricher et de restaurer ce site plein de souvenirs pour les Rochois.

Après deux années de travail, le site a été inauguré le 29 juin 2018 avec la participation de la même société de musique “la Banda de Roches” et sert maintenant de lieu de rendez-vous pour les pique-niques, les randonneurs………….  Un lieu à visiter.